03/11/2025
🙈🙉🙊On ne fera plus jamais de CSO🙅
Soyons honnêtes : un tour de CSO aujourd'hui, ressemble plus a une partie de Mario Kart qu'à de l’équitation.
Discipline où ( presque ) tout le monde fonce tête baissée, freine avec les biceps et prie pour ne pas finir en pizza au prochain virage.
Le cheval saute comme s’il fuyait une armée de percepteurs fiscaux.
le cavalier tente vaguement de négocier la direction, et s'il termine son tour sans perdre ses étriers ni son honneur, il peut espérer une place sur le podium devant celui qui a perdu trois malheureuses secondes à garder son cheval en équilibre.
Autrefois ( Aïe ! rien qu’en écrivant ce mot, j’ai pris deux rides , une crise d'arthrose et un lumbago), il y avait le Hunter.
La discipline sage, carrée, élégante, où chaque saut devait être fluide, précis et réfléchi.
Un passage obligé destiné à former les futurs cavaliers de CSO.
Aujourd’hui, cette discipline à ( presque ) disparu comme un vieux manuel de grammaire dans la bibliothèque de la génération Tik tok ( Ouille , mon arthrose) et soyons honnêtes : la plupart des cavaliers de CSO d’aujourd’hui n’auraient même pas le niveau pour enchaîner un parcours de Hunter sans se faire disqualifier pour comportement dangereux.
Mais c'est trop lent, trop calme, trop exigeant, trop long, trop cher…
bref, trop “équitation” pour la génération “chrono et filtre Insta”.
Parce que oui, la légèreté, ça demande des heures de selle, pas juste une carte de 10h et un flot acheté sur temu.
Le CSO, censé être l’aboutissement du travail sur le plat,
est devenu un flipper géant à quatre jambes :
on pousse, on tire, on crie, on prie,
et si la barre reste miraculeusement en place,
c’est champagne au paddock et selfie avec Pompon encore a 2 doigts de la syncope.
Les clubs adorent : c’est spectaculaire, ça fait du bruit,
et surtout, ça permet d’enchaîner 40 cavaliers sur le même parcours sans perdre de temps à expliquer ce qu’est une cession à la jambe.
Résultat : on forme des cavaliers qui s'apparentent plus a Charles Leclerc qu'a Nuno Oliveira
mais qui regardent une épaule en dedans comme un concept ésotérique réservé aux moines du Cadre Noir.
Leur cheval saute par réflexe de survie,
eux collectionnent les sans-faute comme des points de fidélité chez Décathlon.
Soyons clairs : le CSO moderne, c’est la mort lente de la finesse et du savoir-faire.
Pas parce que la discipline est mauvaise — mais parce qu’on l’a vidée de son sens.
Le cheval, sensé être un partenaire n'est qu'une machine vivante à gérer entre deux virages.
Alors oui, chez nous, on a dit non.
Pas par snobisme, ni par nostalgie du “c’était mieux avant” mais parce qu’on préfère l’équitation qui sent la sueur, la réflexion et parfois la remise en question.
Celle qui t’empêche de dormir parce que tu veux comprendre pourquoi ton cheval a dit non,
et pas celle qui t’empêche de dormir parce que tu t’es pris l’oxer dans la figure devant toutes tes copines.
Parce qu’avant de sauter haut, on veut apprendre à sauter juste.
Parce qu’avant d’aller vite, on veut aller bien.
Le Hunter, le Complet, le TREC, le Dressage, l’Équitation de Travail…
ce sont des disciplines qui forment des couples, pas des passagers clandestins.
Elles jugent la technique, la précision, la réflexion, pas la capacité à serrer les fesses dans un virage à 90° , même si comme dans toutes les disciplines , on peut y trouver des comportements et méthodes condamnables.
Mais elles demandent du temps, de l’investissement, des bénévoles, du calme,
et ça, malheureusement, c’est moins vendeur et moins en phase avec la génération du " tout tout de suite "
Alors je vous vois venir avec vos" pas tous " , " pas tout le temps " " pas partout "...évidemment. je parle d'une tendance qui n'a rien d'une vérité absolue.
Quant à moi…je suis maintenant forcée de reconnaître que j'entre , à partir de la publication de ce poste , dans le statut de vieille bique acariâtre, allergique aux chronos et aux cris de paddock.
Mais ne vous inquiétez pas. Bientôt ( dans tout juste une quarantaine d'années ) je serai cette vieille prune flétrie qui terrorisera son EHPAD en racontant à son infirmière comment c'était mieux avant.
Image : Norman Thelwell