20/11/2023
Approche philosophique de l'art et de la beauté
Jean-François Buisson, philosophe humaniste, nous a interrogés lors de sa conférence au sujet de l'art et de la beauté dont la perception n'a cessé de changer au fil des époques.
Des sociétés traditionnelles jusqu'au XXe siècle, l'anthropologie enregistre une démythologisation, une désacralisation du monde. L'art a accompagné ce désenchantement par une suite de ruptures. L'art a changé de définition comme de raison d'être. Accès à l'essence des choses dans l'art symbolique, représentation de la beauté idéale de l'Etre propre à élever l'âme vers la perfection humaine dans l'art classique, il devient affaire de goût où la beauté n'est plus un effet objectif émanant du réel, mais subjectif émanant du sujet. Le culte est alors à l'émotion. La dernière rupture est celle de l'art contemporain qui se définit lui-même comme négation de l'art ! L'originalité et la provocation remplacent l'émotion et l'œuvre elle-même ne suffit pas pour qu'on sache qu'elle est une œuvre d'art. Avec le discrédit de la branche métaphysique de la philosophie, qu'Aristote appelait la philosophie première, la modernité a fait le deuil de l'Etre, du beau, du sublime, risquant ainsi la perte de ce qu'il y a d'essentiellement humain dans l'homme. La seule manière de répondre à l'absence des anciens repères et à la dissolution des valeurs traditionnelles, nous dit Marc Jimenez, consiste à puiser dans le fonds intarissable de l'humanité.