06/23/2025
Être une femme dans ce monde. Être une femme haïtienne.
Être une femme dans ce monde, c’est marcher sur une ligne de feu invisible, constamment évaluée, souvent sous-estimée, parfois effacée.
C’est porter en silence des siècles de luttes, d’injustices, de résistances.
C’est avancer avec la grâce d’un combat permanent, dans un monde encore trop souvent façonné sans nous, contre nous, malgré nous.
Mais être une femme haïtienne, c’est autre chose encore.
C’est naître dans une terre blessée mais indomptable, une île marquée par l’histoire la plus radicale de liberté.
C’est porter dans le sang les cris de Sanité Bélair, les visions de Cécile Fatiman, la dignité des femmes paysannes, marchandes, poétesses, révolutionnaires.
C’est exister entre les ruines et les rêves, entre les catastrophes et les chants.
Être une femme haïtienne, c’est apprendre très tôt à survivre dans un monde qui ne vous attend pas.
C’est être fille, mère, sœur, pilier, ciment.
C’est vendre du charbon pour nourrir les siens.
C’est élever un foyer avec trois fois rien.
C’est chanter, même quand le ventre est vide.
C’est danser sur les cendres d’un pays qu’on n’abandonne jamais.
C’est résister, encore et encore. Face au machisme. Face à la pauvreté. Face à l’injustice. Face à l’oubli.
Mais c’est aussi créer. Soigner. Innover. Éduquer. Voyager. Briller.
Être une femme haïtienne, ce n’est pas seulement subir l’histoire — c’est l’écrire.
Avec les tripes. Avec le cœur.
Avec une force tranquille que le monde ne comprend pas toujours, mais que rien ne peut briser.
Nous sommes debout, malgré tout.
Nous sommes vivantes, contre tout.
Nous sommes femmes, et haïtiennes. Et cela seul est un acte de courage.
